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LA ROUTE DU NORD

L'inspiration : la constitution suédoise prévoit "un droit d'accès commun" à la nature, tant sur les propriétés publiques que privées.

La couleur : rose pastel

L'animal : le renne

Le plat : le Korv


DEPART DU DANEMARK

Nous sommes partis de Copenhague un matin ensoleillé.

Cap au Nord ! John Snow we’re coming my friend !! Keza ne finira pas le lait de ses frosties (ce qui a le don d’agacer son père, et Astane aura la goule barbouillée de Nutella (ce qui a le don de salir les serviettes). Astane est désormais en mode guerrière avec une coupe de cheveux courte réclamée intensivement depuis plusieurs jours à sa mère !

Mes réservoirs sont remplis, mon équipage est gonflé à bloc. Nous quittons le Danemark avec entrain, Delphine à la barre, Ali dans le dos, Jean Jaques Golman dans les enceintes qui chante à tue tête « envole moi » ! Quelques kimomètres après avoir largué les amarres, c’est le rétroviseur gauche d’une petite Twingo bleu qui semble s’envoler, heurté de plein fouet par mon arrière train volumineux ! L’impact est net, sans bavures ! 1 – 0 pour Delphine !


ARRIVEE EN SUEDE

Nous arriverons en Suède par un pont suspendu gigantesque reliant le pays des Vikings rouges à la ville de Malmö. L’ambiance est irréelle, l’eau semble se confondre avec le ciel dans cette brume aveuglante de soleil qui laisse apparaitre quelques éoliennes et des bouts de rochers. La réalité nous rattrape vite à la douane (la première !). Keza, resté en pyjama, joue aux Lego dans son lit. Ses parents, encore sous l’effet de ce pont (sacré pont quand même ! ) réaliseront avec un petit retard qu’un poste frontière les attend en guise de bienvenue ! Une gentille policière Suédoise , style Playmobile aux cheveux blonds, une cravache en guise de regard, (ré)expliquera à mon équipage la nécéssité et l’utilité d’être attaché dans un véhicule. Les sourires génants de l’ensemble de ma troupe, et l’improvisation impeccablement menée par Nico et Delphine (Our son is sick, si si je t’assure !) fera rapidement hésiter puis abondonner la dame en uniforme bleu. Nous attendrons 42 secondes avant de clamer notre profonde joie ! Yeahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!! ON est en Suède !!!!!!!!!!!

La Suède était le vrai premier objectif à atteindre, avec ce souhait de profiter des grands espaces. Notre première halte se fera dans une réserve naturelle à l'ekopark d'Omberg à Odeshorg, près d’un immense lac couleur turquoise ! Nicolas me parque en épis en contrebas d’une forêt de pins habillée de mousse et de lichen. Après un 4 heures expéditif (bol de céréale pour tout le monde), mes apprentis aventuriers sautent tous à poil dans l’eau pour un décrassage bien mérité ! Astane se coiffe, Nico se coupe les ongles, Keza explore les bois armé d’un baton et Delphine se bat contre des taons qui semblent ne plus vouloir les lacher. En guise en défense, elle créera des bracelets de compresse, trempés dans des huiles de menthe poivrée ! Et ça marche ! L’ennemi semble battre en retraite ! Trop fort !

Le lendemain, départ matinal pour Skarpö. L’histoire ne dira pas si Keza finira le lait de ses frosties ! 7 heures et des bananes plus tard, je me trouve sur un ferry jaune qui relie la ville de Vaxholm à l’île de Rindö, reliée elle-même à la petite île de Skarpö, fief familial du côté de Nicolas. La lumière couchante me donne fière allure sur cette embarcation de ferraille ! Jean Claude is coming les gars ! Et c’est peu dire…Mes pilotes tenteront en effet de faire passer mes 2m30 de tour de taille dans le petit portail de la maison familiale. J’avance à droite, j’ajuste un peu à gauche, je recule mais pas trop pour ne pas décapiter les arbustes du voisin, j’avance encore, mais c’est trop juste, et le portail suédois ne cèdera pas, griffant même ma carosserie pour me laisser un souvenir de cette piètre tentative. Delphine, saoulée, par cet échec navrant, décidera d’aller faire demi tour quelques dizaines de mètres plus loin pour une dernière tentative ! C’est le voisin (mi hobbit, mi avocat en droit fiscal) qui stoppera ce dernier élan volontaire en expliquant (avec le sourire) « it’s not a big deal, but vous venez juste de défoncer mon portail en faisant demi tour ! » 2 – 0 pour Delphine !

Après avoir été agréablement prise en photo et filmée (sous toutes les coutures) par la femme du voisin (mi troll, mi avocate également), nous abandonnerons toute tentative, pour nous garer en contrebas de la maison, dans un superbe spot appelé SkapöVick.

Avant que le portail soit réparé quelques jours plus tard par Nicolas, la troll spécialisée en droit des entreprises, nous expliquera aussi courtoiement qu’un roquet vous dis bonjour que ça n’allait pas se passer comme ça, et qu’elle irait, dès la première heure, signaler notre infami à tous les lutins, troll, et autres elfes qui règnent depuis des millénaires sur cette île ! Sympa l’accueil quand même ! On est bien là, nan !?

Le ton étant lancé, la faune locale se sentira dans l’obligation de nous accueillir avec autant d’amour qu’offre un kripskrolls tartiné au beurre d’amande. Les « bonjour les gars, mais vous ne pouvez pas vous garer là » se succèdent, avec quelques nuances sur la notion d’étranger (à cette terre du milieu), de véhicule (non, je ne suis pas une caravance) et de rapport à la nudité (un voisin ira en effet faire 40 mètres sur un ponton, pour interpeller Nico et Astane, nus, en train de faire leur danse du soleil ! Nicolas redécouvre le goût du « burn it ! », et il faudra qu’il explique, avec plus ou moins de diplomatie, que nous représentons le clan Travaillé, 3ème du nom, venu en mission réparer la demeure familiale. Le message sera vite diffusé dans toute l’île ! Ce ne sont pas des étrangers juste des sang de bourbe, alors soyez sympas avec eux ! L’effet kripskrolls disparaitra subitement et nous aurons même le droit de nous garer dans le jardin de la voisine pour les jours suivants !

A SkarpöVick, nous nous sommes stationnés plusieurs jours dans une petite enclave abritée. Lorsqu’on ouvre ma porte passager, on se rertouve à quelques mètres d’un long ponton qui s’enfonce dans une mer d’huile dans laquelle les nuages aiment se regarder. Je suis donc désormais adossé à une terrasse sur pilotis en bois de pin, équipée en chaises longues avec vue sur mer ! Pas mal quand même ! Nous avons même en option sonore le clapotis des vagues, ou (au choix) le bruit des drisses de grand voile qui fouettent les mâts des voiliers trop impatients de partir lorsque le vent se lève ! Même les Chocapics du petit déj n’ont plus le même goût dans ce décor qui fera très largement oublier les 1ère accroches avec le voisinnage !

Côté quotidien, ma troupe s’aguérie. Chaque matin, trempette dans la Baltique pour tout le monde, et savonnage express. Keza construit des voiliers et invente un porte savon flottant après le triste coulage de 2 savons bio hors de prix et Astane fait de l’eau son élément. Ornée de brassards Licorne, elle nage avec les canards et trempe sa goule dans l’eau telle l’un d’entre eux. Après Astoune et la gougnarde, nous l’appelerons Ponyo pour sa ressemblance avec la petite fille du film de Miyazaki (https://www.youtube.com/watch?v=eC0JThNWT2A).

Avant d’accueillir Anne, la maman de Nico, nous aurons la joie de prendre le thé avec la grand-mère de Nicolas « mamousse » et sa sœur « yiyi ». 2 hobbits de 91 et 96 ans qui vous donnent une leçon de vie en jonglant entre les langues, en souriant avec les yeux et en communicant en vous attrapant la main. La mémoire se moque du temps et joue avec les souvenirs, mais on s’en tape, le moment est vrai et le soleil est beau ! Les 2 femmes qui ont vu passer plusieurs vies sont à l’image de ce que vous trouverez de plus beau en Suède : des terres vertes et sauvages, une eau douce, des lumières pastels uniques, indomptables à l’appareil photo et des histoires de magie.

La magie, ma troupe ira la chercher dans l’archipel extérieur, embarquant Anne avec eux, pour une journée en kayak. 2h30 de bateau entre Skarpö et l’île de Möja. Tout du long, les îles se raréfient. L’archipel vous accueille mais se mérite ! A Möja, location de kayak chez Kathrin. Combinaison gagnante dans un kayak double avec Astane et Keza au milieu, et approche à la rame d’1h30 pour accoster sur une petite île munie d’un sauna ! L’expérience est top et deviendra un grand classique dans le tour opérator organisé par Nico et Delphine quelques semaines plus tard.


DEPART POUR LA CAP NORD

Avant d’entamer notre longue ascension vers le Cap Nord, Delphine et Nico remplieront au maximum l’ensemble des mes coffres en vivres pour tenir plusieurs semaines. Non pas que la Norvège ne connaisse pas les supermarchés, mais l’équipage a été averti que les prix des denrées alimentaires allaient exploser dans ce pays ! Je suis donc chargé à bloc en sardines à la tomates, en Vasa (pain dur local concurençant le kripskrolls, mais il peut y voir débat !), en saumon fumé et en cubis de vins ! Il y a même des bières belges dans mon placard de salle de bain, c’est dire !

La montée de la Suède se fera en à peine 3 jours ! Le soleil ne semble plus vouloir vraiment se coucher ce qui facilite les longues navigations et joue avec le sommeil ! Vers 1h du matin, nous avons désormais une lumière de fin de nuit blanche après un festival, sans les effets de l’alcool. C’est aussi étonnant que perturbant. Il faut me calfeutrer entièrement pour que mon équipage s’endorme sereinement et que Keza et Astane n’attaquent pas une deuxième journée …

FINLANDE : 1ERE FRONTIERE

Après le passage emblématique du cercle polaire, nous arriverons en Finlande vers minuit, par la partie la plus au Nord de la Suède. Avant d’atteindre la frontière, Delphine et Nico verront leur 1er renne dans une brume de fin de journée. Accueil du Nord, moment magique ! La frontière se matérialise par un petit pont qui passe au dessus d’une immense rivière au nom imprononçable : l’äijäjoensuvanto.

Le douanier finlandais qui nous accueille ressemble à un gros nounours en manque de calins. Bien que fort sympathique, il nous fera faire demi tour : la frontière n’ouvre pas avant demain matin les gars ! Pas grave, nous attendrons ! Le lendemain, première fois que nous montrons nos preuves de vaccins. Bien que le QR code ne semble pas fonctionner, les douaniers seront bons et cléments et nous laisseront passer en estimant que nous sommes vaccinés ! Attente de 37 secondes et Yahahahahhahahhahahhahhhahahha, le cri retenti dans mon habitacle ! Nous sommes en Finlande !!!!!!

La route de la Finlande se passera dans la journée, juste une petite pause pour faire de l’essence dans une station qui ressemble à un PMU de trappeurs. Ici vous pouvez trouver des couteaux, des pneux neige, des chaines de tronçonneuse et … des morceaux de rennes ! 6 congélateurs, remplis de barback de reine… du dos, des pattes, des côtes, tous découpés en morceaux plus gros que ma capacité de frigo ! On y est les gars ! On achètera juste une corne de renne pour Keza, histoire de montrer qu’on est pas du coin.

Des rennes, nous en retrouverons quelques kimomètres plus loin, bien vivant cette fois ci ! Nicolas pilote, lorsqu’il les distingue sur le bas coté. Demi tour, tout le monde descend ! Des dizaines de rennes, en lizière de forêt défileront devant le regard ébahi des enfants ! « C’est sûr, c’est les rennes du Père Noël, clamera Astane ! »

Après les rennes, mon équipage découvrira un tout autre animal, beaucoup plus petit, et beaucoup plus affectueux : le moustique ! Ils nous avaient pourtant prévenu les Suédois : « vous verrez qu’ils disaient, il y en a tellement qu’on doit s’équiper en tenue d’apiculteur pour pic niquer dans le Finmark. » Ils aiment pas le pastis, mais ils sont un peu marseillais quand même ! Certes, les moustiques sont là, certes ils sont nombreux et toute tentative de lutte avec notre raquette éléctrique est ridicule, certes ils sont tous petits et vous piquent en mode furtif (ouais c’est des batards !) mais mon équipage a très bien pique niqué, en short - T-shirt, dans un petit bout de Finlande, tout beau tout joli. En fait la technique, c’est de manger vite, de littéralement s’asperger le corps d’anti moustique, ou de se baigner parce que dans l’eau ils peuvent pas vous piquer ! Et ouais !!!

ARRIVEE EN NORVEGE

A la frontière Norvégienne, nous sommes accueillis par 2 douaniers typés boyscoot et un cortège de bikeurs qui semblent taper le bout de gras sur cette ligne imaginaire !

Delphine montrent les passeports de l’équipage ainsi que les documents de vaccinations. Comme en Finlande, les douaniers n’arrivent pas à scanner nos documents... On essaye la version numérique, ça passe pas, on met plus de lumière sur le téléphone, ça passe pas non plus. Le douanier s’enferme dans le noir dans sa petite cabirotte, non ça passe pas, ça passe pas ! Après une lecture en diagonale d’un document qu’ils ne peuvent pas comprendre, ils trouvent un « 2 » qu’ils interprètent à juste titre comme voulant dire 2 doses de vaccin ! Oui, oui monsieur, c’est bien ça ! Et la magie opéra, et la barrière se leva ! LE cri retentit, cette fois trop rapidement ! On est en Norvègeeeeeeeeeeeeee !!!!!!!!!!!! Chut, ils vont nous entendre …

A partir de là, l’équipage n’a qu’une seule idée en tête, atteindre le Cap Nord, quoi qu’il en coûte en terme de navigation. L’excitation est trop grande pour être freinée par une étape. John Snow, we are coming my friend !

A partir de là, la route est juste fantastique ! Un régal pour tout Jean Claude qui se respecte, une véritable claque pour l’ensemble de ma troupe ! Nous naviguons entre montagnes et mer avec une sensation irréelle de bout du monde. La route est sinueuse mais rassurante, pleine de dénivelés ! Désormais, le soleil nargue carrément l’horizon, et à minuit douze, nous pouvons l’admirer éclatant dans les nuages qui percent les montagnes au dessus de l’océan Arctique !

Je passerais haut la main jusqu’à 10 kilomètres de tunnel sous les montagnes, en fond de 3, plein régime ! De la neige habille désormais les bords de route serpantant le long d’une roche cisellée, presque stratifiée par les effets du froid ! Je ne peux qu’admirer ce bleu glacial si particulier lorsque nous longeons la côte ! Un bleu puissant dans lequel des chaluts se reposent avant d’aller s’aventurer au-delà des frontières de notre monde pour ramener des crabes royaux et des histoires de sirènes! On se sent petits, reconnaissants presque redevables d’être acceptés dans cet environnement qui a ce goût si singulier de l’aventure !

Nous arriverons au Cap Nord le 11 Juillet, à 01h40 ! Nicolas tient fièrement la barre, Delphine en co-pilote. Keza est resté éveillé toute la route. Astane a succombé. Il fait 5°, ça caille mais c’est jouissif ! L’ambiance sur le parking est lunaire. Nous nous garons au milieu d’une dizaine de véhicules en tous genre arrivés avant nous. Keza se couchera épuisé mais heureux et fier, Delphine et Nico s’avoureront une clope magique sur mon toit après s’être fait prendre en photo sur la statut du Cap par un motard Polonais fraichement débarqué quelques minutes après nous. Nous l’appellerons Michel. Michel le motard Polonais, qui après 2 selfies reprendra la route dans le sens inverse ! Pas un tendre le Michel !

Le lendemain, l’ambiance est plus mouvementée sur le parking. La vie a repris et les touristes semblent se succéder dans ce bout du monde. L’équipage découvre le musée et le cinéma du Cap Nord ! Pour Keza le plus beau film qu’il n’ait jamais vu ! Nicolas achètera une tasse « North Cap » hors de prix à la boutique souvenir. Il perdra quelques centaine de kilomètres plus loin sur une aire de jeu. Il était pourtant fier le Nico avec sa tasse du Cap Nord !! La boutique permettra à Keza et Astane de découvrir les peaux de bêtes et les chapkas, puis les trolls exposés découvriront la façon dont Astane sait gouler car "papa achète une tasse du Cap Nord mais Astane n'a pas le droit à un cadeau".

Après une baignade expéditive dans une eaux avoisinant les 10° et plongés dans un paysage à couper le souffle, nous reprendrons la route. Sous la pluie, qui ne nous quittera plus !

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