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TRAVERSEE DE LA NORVEGE

DEPART DU CAP NORD

Nous reprenons la route sous la pluie avec la ferme intention d’aller chercher le soleil ! Cap au sud, direction les iles Lofoten, les fjords et les baleines ! Baignade express dans l’Arctique pour presque tout l’équipage et nous quittons le Cap Nord, des souvenirs plein la goule et un beau stickers North Cap sur ma porte arrière ! Pas peu fier le Jean Claude !

Première halte dans le village de pêcheur d’ Horninsvague. On sent le Nord, dans les odeurs de morue séchée suspendue aux étales ainsi que dans les regards cristallins des grands-mères. Pour affronter la dureté du froid elles semblent avoir arrêté de le combattre. Comme si faire la paix avec le Blizzard permettait de réchauffer un peu la glace. Elles vous embrassent avec les yeux mais pourraient vous casser le bras s’il le fallait ! Nico, subjugué par tant de douceur, est à deux doigts de dépenser l’équivalent d’un plein d’essence pour une chapka maison en fourrure de renne ! Son sens de l’orientation pour trouver un distributeur de billets aura raison des poils de bête. Il aurait été beau pourtant notre Nico avec sa Chapka !


JEAN CLAUDE vs CAMPING CAR

Malgré cette atmosphère si singulière, qui donne envie de s’arrêter au PMU local et discuter pêche aux crabes royales, la pluie nous fera partir précipitamment ! Delphine est à la barre, quand le drame survient. Nous pénétrons dans un tunnel. 8 km de long sur 5 m de large (malgré les kms je reste sur un tour de taille de 2m30…). Un bon tunnel ! Des feux blancs approchent. Ceux d’un camping-car, probablement Danois ou Norvégien. Il roule vite, mais pas plus vite que nous. Nous nous croisons, quand tout l’équipage sursaute. Le choc est aussi sec que le bruit est strident. Baigné dans ces lumières désormais étourdissantes, je continue de rouler me répétant sans cesse : « il faut sortir de ce tunnel Jean Claude ». C’est en retrouvant les lumières du jour que nous constatons les dégâts : l’impact a eu raison de mon rétroviseur gauche. J’ai l’oreille en miette !

Delphine tente un bandage avec du gros scotch Américain. Ma blessure n’est pas jolie, et mes pilotes doivent désormais fermer un œil pour voir dans ce rétroviseur transformé en kaléidoscope. Mise à jour des compteurs : 3-0 pour Delphine !

Arrivée dans la ville d’Atla … sous la pluie ! Une pluie tenace. Une pluie froide. Une pluie qui ne fait pas semblant et qui semble ne pas vouloir s’arrêter ! En Norvège, il n’y a pas 50 nuances de pluie. Il y a juste la pluie, celle qui tombe et qui tombe et qui tombe.

On pose l’encre sur le parking de l’hôtel SCANDIC pour choper le wifi et avoir les roues au sec.

INSTANT SAUNA

Bon plan numéro 12 lorsqu’il pleut, et que vous voyager avec des enfants : aller à la piscine et s’assurer qu’elle dispose d’un espace sauna ! A la piscine, tout le monde se lave (sans se préoccuper des litres d’eau chaude et avec un savon qui mousse, car se laver dans la mer c’est bien mais ça ne mousse pas), tout le monde va faire caca (ben oui c’est important de faire caca !) et surtout, les enfants sont nazes après et dorment comme des louveteaux !

Nouvelle pratique culturelle, il faut de laver entièrement avant de commencer ses longueurs. Et il faut se laver tout nu. Keza découvrira la pudeur, ainsi que la diversité génitale masculine et se permettra des commentaires tel que : « t’as vu papa, lui on dirait qu’il a pas de zizi ! ». De retour aux vestiaires, il se transformera en chasseur de pièces d’or, oubliées par un nombre important de clients dans les casiers des vestiaires ! Sa filouterie semble s’aiguiser, et il ira même s’aventurer dans les vestiaires des filles pour amasser un butin avoisinant les 15 euros ! Au regard inquisiteur des prudes flibustiers Norvégiens, fervents défenseurs du bien commun, Keza répondra « si ce n’est pas moi qui prend les pièces, c’est la piscine ! » Le sourire de son père clôturera tout débat ! Astane, qui affirme de plus en plus sa volonté de tout faire toute seule, sautera du plongeoir de 3m armée de ses brassards licornes. Elle recevra les ovations des mamans Norvégiennes admiratives !

Les Burkinis se mélangent aux strings de bains. La piscine à vague fait des vagues. Nico et Delphine font des pierres feuille ciseaux (Keza champion) pour savoir qui s’offre en premier le sauna et qui se tape le super tobogan avec les enfants. Le sauna ou comment se purger le corps et se nettoyer l’esprit ! Mon équipage ressort tout beau tout propre, prêt à en découdre et à reprendre la combat !


LA ROUTE, LES FJORDS ET LA NEIGE

Le lendemain, nous partirons… sous la pluie. Une pluie qui n’arrive pas à faire fondre certaines neiges éternelles que l’on croise désormais sur la route. Après une sollicitation persistante de la part de Keza et Astane, nous continuerons la route avec un pot à confiture remplie de neige dans mon congélateur ! Tant pis pour les glaçons, le pastis attendra !

La route est somptueuse, même avec la pluie ! Nous serpentons continuellement sur une côtière de 1000 km de long adossée à la montagne. Les yeux grands ouverts, le nez dans les nuages et le vent dans le dos ! Chaque rayon de soleil transforme le paysage. Des sommets apparaissent de nulle part, dessinés au couteau, comme si vous aviez scalpé la cime des Pyrènes et que vous l’aviez posée là. Juste pour faire joli. Juste pour ciseler le ciel et rassurer les nuages. L’eau semble s’illuminer dans des verts lagon irréels. Un contraste parfait avec la dureté de la montagne. Il existe des couleurs qui ne se nomment pas, car elles sont continuellement en mouvement. Elles traduisent d’avantage une émotion qu’un coup de pinceau. Vert ça va aller. Bleu on est bien. Emeraude je ne sais pas trop.

Le soleil nous le trouverons enfin dans un petit coin de Norvège au milieu des bois. Une réserve naturelle qui borde la mer et nous offre le luxe de 2 jours de beau temps. Session école dans les bois pour Keza, et 1ère carte mentale avec sa maman. Pêche aux coques fructueuses que la troupe dégustera copieusement en pâtes sautées au vin blanc ! Les petits bonheurs simples changent de goût. Peut être faut-il manquer de soleil pour en apprécier le moindre rayon ? Le lendemain, Keza improvisera un feu sur la plage avec du bois flotté. Tout l’équipage se lavera dans cette mer des Barents d’à peine 10 degré. On se réchauffe en dansant près du feu, le soleil dans le dos ! Lorsque la pluie n’est plus là, le soleil danse ! Et il danse même la nuit, bien décidé à ne plus aller se coucher en flirtant avec l’horizon. C’est le soleil de minuit, mes panneaux solaires bronzent 24h/24h, et tout le monde recharge ses batteries !

Dans cet environnement, l’équipage s’aguerrit, passant du flocon à la 2ème étoile d’aventurier ! Keza pense, créé, construit et prend l’assurance d’un petit homme en devenir. Astane, parle, chante, gougne, tout le temps, mais aussi s’interroge, trouve des solutions et invente des histoires !

1ère ASCENSION POUR KEZA : LA DENT DE SAUMON

La pluie nous a offert 2 jours de répit, avant de revenir jouer bruyamment avec mes essuis glaces. Salut les gars, me revoilà ! Nous naviguons donc à travers des montagnes toujours plus majestueuses et puissantes, qui apparaissent et disparaissent dans les nuages ! On distingue des coulées de ruisseaux et de cascades qui semblent saigner la roche de haut en bas.

Nous arrivons dans la ville de Gryllefjord, port de départ pour Andenes ville de la baleine dans les îles Lofoten. Le temps est trop mauvais pour que l’on puisse faire la traverser. Nous nous arrêtons donc à flanc de montagne. Astane fait sa sieste. Delphine essaye de réchauffer mon habitacle qui désormais dégouline d’humidité. Chauffage à fond, chaussettes de montagne aux pieds, elle essuie les gouttes qui apparaissent sur chaque fenêtre, porte et autres tubes d’aluminium de ma réhausse.

Keza et Nico en profite pour s’aventurer sur leur première Montagne ! 440 mètres plus tard au-dessus de l’eau, ils peuvent admirer la vue des Fjords sous la pluie. Keza est combattif, l’ascension est humide et il faut mettre les mains dans la broussaille pour bien s’assurer. Au sommet, il est aussi fier que lessivé. La pluie et le froid lui donnent un regard hagard. Ses jambes semblent à peine le tenir, enivré par l’effort et les nuages. La descente se fera en mode koala, accroché dans le dos de son père, qui mettra les fesses dans la broussaille à plusieurs reprises. 4 heures plus tard, ils reviennent comme des conquérants de l’Everest, quelques frayeurs à raconter, les vêtements en guise de seconde peau et les jambes flageolantes ! Après une session beauté et massage dans la chambre d’Astane, Delphine et Astane ont préparé des chocolats chauds et soupe de butternut / pomme de terre pour accueillir les guerriers ! Keza baptisera sa montagne la DENT DE SAUMON !

Du Saumon, l’équipage n’en trouve que dans les prénoms des sommets car Nico se révèle être aussi bon à la pêche qu’en orthographe ! Pour se rassurer, ils inventeront avec Keza la théorie du pécheur saumon, qui voudrait que les pécheurs le long des rivières, soient en fait des saumons déguisés en pêcheurs pour … enfin bref, c’est compliqué… En Norvège, on pêche du saumon, on chasse du reine mais on mange des hot dog, avec une saucisse qui ressemble davantage à des restes de crevettes reconditionnés qu’à de la viande. Et la cerise sur le hot dog, c’est qu’au pays des vikings, les prix sont exorbitants ! Le litre de gasoil est à 2 euros quand le litre de bière est à 30 ! (Oui ça fait bien une pinte à 15 balles !!) Avec un budget de départ à 60 euros par jours, l’équipage se fait fumer comme du hareng !

En attendant les baleines, nous ferons une halte en bord de mer, le long d’une petite route. Delphine devient la reine des Parck4night pour trouver les meilleurs endroits pour la nuit. Nico est plus souvent à la barre. Keza gère les belles histoires sur l’autoradio et Astane trouve que c’est pas juste de ne pas voyager devant car elle n’entend pas assez les belles histoires ou qu’elle n’a pas vu un truc dans le paysage.


DANSE AVEC LE VENT

Ce soir-là, le vent est fort, très fort et la pluie annoncée risque d’être de très haut niveau. Delphine et Nico feront une tentative pour me bâcher entièrement pour la nuit, afin de limiter les infiltrations. Ces petites gouttes matinales qui vous mettent de bonne humeur ! La tentative est pieuse, mais perdue d’avance. On ne dompte pas le vent, on lui sourit. Nico se fera sa première blessure de guerre au pieds en heurtant violement une tige métallique (sardine spéciale prêtée par Val) servant d’amarre. Le froid et le sel lui laisseront une cicatrice en guise de souvenir. Vers 4h du mat, Delphine, réveillée par le claquement des tendeurs secoué par le vent, mettra fin à l’expérience. Les bourrasques ont gagné cette bataille. On ne dompte pas le vent, on danse avec lui.

Malgré tout cela le rythme est assez bon. Des automatisme se prennent. Les cartes Pokémon se rangent. La cafetière fait du café. Le lit monte et descend. Le pied de basilic s’effeuille pour cuisiner. Les brosses à dent ventouse d’Astane et Keza servent d’accroche pour occulter ma fenêtre de toit. Keza mange des smacks car il n’aime plus les Chocapic et Astane goule, mais tout le monde s’habitue. Son râle s’est arrêté sur une tonalité mineure oscillant entre Mi et le Mi bémol en fonction de si elle a faim ou si elle est fatiguée ! On adore.

Le vent se calme. Toujours posté à Gryllefjord, nous comprenons que ça y est c’est sûr, le bateau va partir ! Avant d’embraquer, mon équipage troque une machine à laver + machine à sécher contre 2 beaux sourires, des dessins et des bracelets d’enfants ! Notre contact travaille au supermarché du port ! Repartir avec des vêtements secs et propres : il y a des grandes choses qui résident dans des petits riens !

Traversée houleuse et mouvementée ! Keza et Astane découvrent le mal de mer avant d’accoster à Andenes…sous la pluie ! Nous trouverons une éclaircie, blottis dans une petite crique digne d’un fond d’écran d’ordinateur. Il fait 6 degrés, nous avons la montagne d’un côté, l’eau de l’autre. Keza fait des châteaux de sable en doudoune, Astane dort, Nico bouquine, Delphine se baigne et appelle son frère, et on est bien.

CHASSE A LA BALEINE

Mon équipage embarquera sur un chalut pour aller voir les baleines ! Avec une pointe d’excitation, une once de peur et tous leurs habits les plus chauds. Pull, polaire, doudoune, gants, imperméable ! Il fait 5 degré, ressenti 0!

Delphine misera (à tort) sur son petit poncho version sac poubelle pour affronter les embruns marins. Il n’y aura même pas de match, le vent se le fumera en 15 minutes chrono le pauvre poncho ! Le capitaine du chalut porte à merveille des Ray Ban aviator. A côté de lui, sa femme (ou pas, on ne sait pas) scrute la mer avec des énormes jumelles pour donner le cap. Keza fait de la balançoire dans les vagues en se positionnant à la poupe du chalut. Astane fait la sieste dans le porte enfant. Elle se réveillera avec le mal de mer. Manip pas simple que de faire vomir un enfant par-dessus bord sans le lâcher ! 5 heures plus tard, Astane aura repris du poil de la bête et avalé un paquet de petit LU. Keza garde le sourire et dit avoir vu une queue de baleine entre deux vagues Et tout le monde se les caille violent. La moitié des touristes embarqués sur le navire est en fond de cale, attendant la fin du calvaire ! Capitaine RayBan abdique. Aujourd’hui pas de baleines, on a tout essayé, on est à plus de 30 kilomètres des côtes, on rentre. Sur le trajet du retour, nous aurons la belle surprise d’apprendre que nous serons entièrement remboursés. L’honnêteté Norvégienne oblige, si vous payez pour voir des baleines, vous devez voir des baleine !) Parait-il que c’est une première depuis 2 ans. On se dira qu’on aura vécu une première fois !

Pour fêter cette première fois, la troupe s’offre une douche chaude dans un camping, un festin de boulette de viande et de soupe chinoise devant Monstre et Cie! Il existe désormais des moments jouissif qui ne se racontent pas sur Instagram !

Pour remplacer le poncho (paix à son âme), Delphine fera enfin l’acquisition d’une somptueuse veste imperméable bleu qu’elle ne quittera plus en plus de sa doudoune. Les enfants auront le droit d’accueillir deux nouvelles peluches dans mon habitacle : phoque et baleineau, histoire de dire qu’on a vu une baleine. Dans la pluie et le froid, il n’y a pas de petite victoire ! Baleineau sera perdu quelques heures plus tard. Uneperte vécue comme un véritable drame pour Keza… le manque des copains, des grands parents, de la vie d’avant fait que chacun s’attache vite à des petites choses qui deviennent grandes. Alors c’est parti, mon moteur grogne, en route pour remplacer baleineau. Keza s’achètera un petit phoque à côté de la ville de Henningsvaer visitée pour son stade de foot hors du commun.

1ère GALERE : NOS SAUVEURS S’APPELLENT VIKINGS

Quelques jours plus tard, le bitume dégouline toujours à la station essence lorsque nous nous arrêtons pour déjeuner. Après 4 pipis et 2 cafés, Delphine manœuvre entre les gouttes sur les consignes du GPS pour retrouver la route principale pendant que Keza et Astane finissent leur fromage blanc. Putain de GPS ! Après 50m, vous prendrez à gauche, puis à droite et vous vous retrouverez sur une petite route de cailloux et terre, très pentue, bien sympa qui vous amène directement dans les bois. Il pleut des cordes. Le sol est gorgé d’eau. Delphine monte (car peur de me stopper au milieu de ce bousin), puis descend, puis crie avant de s’arrêter brusquement au milieu des arbres : « puttttaiiinnn, merde, c’est la merde là ! ». Mes 4,2 tonnes ne peuvent plus avancée, le chemin de forêt est minuscule et je suis, il faut le dire, énorme. L’erreur de mon équipage sera d’essayer un demi-tour dans ce qui ressemble à une clairière. A droite, à gauche, mes roues tournent peu et s’enfoncent... Je suis embourbé. Bien embourbé même. Et la pluie s’accentue. 4-0 pour Delphine ! Mon équipage appelle les pompiers qui nous donnent le numéro des spécialistes du désembourbement ! Keza et Astane sont collés devant le Roi Loin, Delphine vide mes placards et sécurise tout en soute car c’est sûr ça va secouer pour me sortir de là, puis pête son plomb (normal ça fait peur tout ça mais heureusement y’a toujours une bonne copine pour répondre, j’entends Milou qui la rassure au téléphone !). Nico est quant à lui parti rejoindre nos sauveteurs sous une pluie battante. Ils s’appellent Vikings (ça ne s’invente pas) et c’est avec autant de doigté que de bienveillance (mais aussi un énorme 4x4 treuil) qu’ils me sortiront de la boue et redonneront le sourire à tout l’équipage qui ne se voyait guère passer la nuit en forêt ! Delphine leur fait un câlin, ils sont un peu incrédules mais ça valait bien ça !

Après de telles aventures, l’équipage s’offre trois jours de repos dans un spot sublime au bord de cascade qui ont un air de Canada. Passage au Parc des ours pour voir des ours puis pause soleil au bord d’un lac équipé d’un trampoline ! Grosse session nettoyage pour tout le monde. Je sèche les portes grandes ouvertes, ma troupe se lave 3 fois par jour et Astane développe une technique infaillible pour faire pipi debout ! Un jour en efface un autre !

INVERSEMENT PROPORTIONNEL ET GROSSE FRAYEUR SUR LA ROUTE DU GLACIER

C’est requinqué que nous réattaquons notre route, cap vers l’un des plus grands glaciers Européens ! le Nigardsbreen. La route nous oblige à passer l’un des cols les plus pentus du coin, 1500 mètres de dénivelé, en seulement 20 kilomètres. Nous l’appellerons, les mines de la Moria ! Les paysages sont spectaculaires. Des torrents serpentent toute une vallée et jouent avec des cascades avant de disparaitre dans les bleus lagons des Fjords. C’est une grosse claque pour tout le monde qui ouvre grand les yeux.

Arrivée en haut, le décor change pour nous faire découvrir des montagnes enneigées sur fond de glace bleutée. En quelques kilomètres, nous sommes passés d’un fond d’écran à un autre, un tour de passe passe qui fait de la Norvège une sacré route !

Quand on arrive en haut, il faut descendre de l’autre côté. Une descente raide qui semble ne jamais se finir, remplie d’épingles désormais planquées dans la pénombre. La nuit tombe. Delphine n’est pas rassurée. Elle fait le co-pilote (épingle à gauche, 300 m puis épingle à droite…) Et Nico garde le pied sur le frein, pour ne pas aller trop vite. Ils apprendront à leur dépend l’utilité du frein moteur, particulièrement avec un Jean Claude de 4,2 tonnes. Arrivée en bas de la montagne, la pédale de frein de répondra plus, et il faudra même s’armer du frein à main pour se stopper au carrefour à l’entrée du village. Le silence est profond, la peur envahissante… En bas de la montagne, pas au milieu, ou juste avant un virage de ouf en épingle. En bas de la montagne ! Cela aurait fait un bon numéro de camping-car magazine : « frein moteur ou inversement proportionnel, plus la montée est forte, plus la descente est dure ». Les passionnés se reconnaitront ! Cette nuit, nous dormirons en épis, sur le parking de l’église, l’odeur des freins dans le nez … ben oui les gars, fallait pas freiné comme ça !

La chance (ou Alain) voudra qu’il y ait un mécanicien à 400m de notre église. Mécanicien, qui nous affirmera que notre problème n’est pas un problème. Les freins ont juste chauffé voilà tout. Ben oui, il ne fallait pas s’inquiéter les gars, vous n’êtes pas les premiers à flipper en bas de ce col ! Détendez-vous, mangez un hog dog (faut dire que Delphine est encore un peu livide) ! Pas dit que ça ne soit pas un pêcheur saumon celui-là, mais Alain est avec nous, et c’est tout ce qui compte ! Pour fêter ça, petit déj à l’Anglaise sur fjord turquoise et deux étoiles de la chance collées sur ma carrosserie.

On mettra ce doux épisode au compteur de Nico : 4-1 puis rapidement, 4-2. Juste après le petit dèj, sur fond de musique classique, et sans voir les bras de Delphine s’agiter comme en mode «nooonnnn, ahahahahah », Nico, tranquillement mais bien surement, recule sur l’un des trois drapeaux Norvégiens qui ornent fièrement le parking d’une supérette. Le drapeau se cabre, mais ne tombe pas. Cela aurait été presque beau. Le passant local, toujours dans les bons coups, nous fera part de son rapport au bien commun en nous prenant en photo sous toutes les coutures afin que nous sachions qu’il dispose d’une preuve de notre performance artistique. Tous des pécheurs saumon, c’est sûr !

LE GLACIER DE NORVEGE

Même pas grave, on s’en tape. Les glaciers nous attendent, et on ne va pas perdre notre temps et notre modjo pour des histoires de drapeaux. Après une explication rassurante avec la gérante, nous reprendrons la route. L’équipage finira ensuite à pied par une marche / escalade de 2 heures dans la vallée de Jostedalen pour rencontrer le Nigarsbreen, un des bras du plus grand glacier d’Europe centrale, le Jostedalsbreen (487 km²) ! Une nouvelle claque. Une claque sublime. Une claque qui fait prendre conscience des discours de notre époque. Le glacier fond, il recule, c’est dingue, il couvrait toute la vallée (qui est immense) en 1748 et depuis 50 ans, le recul est de plus en plus fulgurant… Une claque froide et bleutée à l’image de cette Norvège que nous rencontrons. La rando est superbe et Keza et Astane sont de vrais aventuriers. Keza en ouvreur, Astane en tentative d’ouvreur jamais très loin prête à doubler son frère. Astane donnera son dernier mot dans le dos de Nico avant que Keza se baigne dans cette eau fraichement sortie de la glace d’à peine 5 degrés. Pour le principe, même si ça pique à vous donner des crampes, Nico et Delphine suivront.

Avant de quitter la Norvège, petite altercation avec un gérant de camping pour une histoire d’eau gratuite partout en Norvège mais pas chez lui. Décision de reprendre la route de la Moria à travers les montagnes, juste pour niquer la guigne. Je monte vaillamment en fond de 3 les 1500 mètres de montagne, je chauffe un peu mais je tiens les 40 Km/h suivi de près par un tracteur. En haut mon aiguille indique 100 degrés. Je me pose, le vent frais qui s’engouffre sous mon capot ouvert me fait frétiller. Les glaciers applaudissent ! Dernière halte norvégienne dans un lit de rivière habillé de gros galets. Barbeuk filet mignon et cubi de rouge au menu ! Le spot est magique. Marith, chauffeur de taxi, nous fera une 1ère alerte, nous indiquant que ce n’était pas très safe de rester là avec la pluie qui nous avait repérée, et que la rivière pouvait/allait monter très rapidement cette nuit. Deuxième alerte, Papou et Mamou au téléphone : « Delphine, papa dit qu’on ne dort jamais en lit de rivière, c’est sérieux… ». Puis, arrivée sur le spot d’une famille Hollandaise en 4x4. Pas des tendres, s’ils dorment là c’est que ça doit être bon ! Un voisin bienveillant et quelques gouttes de pluie seront les signes qui nous feront tous partir vers 23h ! Il ne faut pas trop jouer avec dame chance et savoir écouter les signes ! Il faut savoir faire confiance en l’habitant. L’habitant sait ! On dormira sur un parking, en hauteurs, bien en hauteur pour éviter la montée des eaux cette nuit !

CE qui est certain, c’est qu’Alain est avec nous ! et que la Norvège est le pays le plus fabuleux que la troupe ait traversé jusqu'alors. Pour info, nous avons quitté la Norvège le 30 juillet et depuis j'ai écumé les routes de Suède (à nouveau), de Pologne, de Slovaquie, de Hongrie et, en ce moment, je sillonne la Croatie ! C'est dire à quel point la notion du temps est différente dans cette vie. Ecrire un article de blog, classer des photos, se dire et se redire que l'on va se mettre au yoga, trouver une connexion internet ... ça prend du temps :)

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